165 Chapitre 43 : SAINT IGNACE DE LOYOLA

31 JUILLET

Saint Ignace : vie, exercices spirituels et ordre des jésuites

SOLENNITE POUR LES JESUITES

Saint Ignace

Homme d’audace et de discernement

Il rêvait d’exploits militaires, un coup de canon le cloue sur un lit d’hôpital, la Vierge Marie le visite : il change radicalement de projet. Le cœur empli d’un zèle de feu pour Jésus, il fonde la Compagnie des Jésuites. Aussi audacieux dans son élan missionnaire que pénétrant par son discernement des esprits, il devient un extraordinaire directeur de conscience. La puissance de son discernement permettra à l’Eglise de résister à l’heure des errements de la Réforme. Ignace, homme sans demi-mesure, ne désirait qu’une mesure, le Cœur de Jésus.

Ignace de Loyola est né au Pays Basque en 1491, dans une famille noble de la province du Guipuzcoa. Orphelin de mère à sept ans, il développe une forte relation avec son père, qui l’éduque jusqu’à ses quinze ans, âge auquel son père décède à son tour. En 1506, il est mis au service de la cour du roi Ferdinand d’Aragon, dit le Catholique, comme page du trésorier royal Don Juan Velasquez ; il y mène une vie mondaine durant ses jeunes années. A la fin du règne de Ferdinand, Ignace quitte la cour royale et poursuit une carrière militaire au service de la cour du Vice-Roi de Navarre.

Lors du siège de Pampelune, Ignace combat les armées de François Ier. Un boulet de canon le blesse gravement, ce qui lui vaut de tenir le lit pendant de longs mois de convalescence. Alors qu’il se rétablit peu à peu, il se plonge dans la lecture de textes religieux. S’entame alors sa conversion de cœur. Inspiré, Ignace décide de changer complètement de voie pour marcher dans celle du Seigneur. Il quitte sa maison familiale ; dans laquelle il se rétablissait, et part en pèlerinage pour la terre sainte. En chemin, il abandonne symboliquement ses vêtements militaires, qu’il dépose devant une statue de la vierge. Il revêt un habit humble et poursuit sa route, mais doit s’interrompre à cause de sa faible santé. Il passe plusieurs mois dans une grotte, où il commence sans doute la rédaction de son journal et de ses “exercices spirituels”.

Avant d’arriver à Jérusalem, Ignace fait plusieurs étapes, principalement en Italie, et notamment à Rome, pour recevoir la bénédiction du Pape Adrien VI. Son séjour à Jérusalem se révèle court, il en rentre après un mois, avec un ardent désir de commencer des études. Il commence son parcours académique en Espagne en 1526 dans la prestigieuse université d’Alcalá de Henares, mais l’Inquisition le repousse à Paris. Au cours des sept années que saint Ignace aura passé dans la capitale française, il développe des amitiés profondes et sincères avec d’autres étudiants de l’université, tous venus de lieux et de régions différentes : Pierre Favre, Diego Laynez, François Xavier C’est le début de la Compagnie de Jésus. Le grand charisme de saint Ignace inspire et touche ses amis, qui vont tous prononcer leurs vœux monastiques ensemble et mettre en place le projet de partir en terre sainte. Ignace part d’abord à Venise en 1537, où il est ordonné prêtre, et attend que ses amis le rejoignent ; enfin réunis, les compagnons doivent mettre halte à leur projet à cause de la guerre. Ils partent alors pour Rome, pour se mettre au service du Pape Paul III.

En route, les compagnons se reposent dans une petite chapelle à la Vierge Marie (aujourd’hui appelée la chapelle visione di sant’Ignazio), ruinée par la guerre. Soudainement, Ignace a une vision dans laquelle se manifeste Jésus, chargé de la croix, lui disant : “viens à Rome, j’y serais avec toi.” Les compagnons arrivent dans une capitale divisée par la guerre et la réforme protestante. Le Pape Paul III voit en la Compagnie de Jésus une grande opportunité de rappeler le monde aux préceptes catholiques, en une contre-réforme. Il donne l’ordre aux compagnons de fonder officiellement leur ordre, ainsi que d’en écrire la constitution. Saint Ignace est élu unanimement le supérieur général de la compagnie de Jésus en 1540. Dans les années qui suivront, et bien après sa mort, l’ordre des Jésuites continuera de se développer. Aujourd’hui, l’ordre des jésuites compte près de 19 000 membres à travers le monde.

Saint Ignace de Loyola meurt à Rome, en 1556. Il est canonisé en 1622 par le Pape Grégoire XV. Quelques années plus tard, en 1626, est entamée dans la ville de Rome  la construction de l’église Saint Ignace de Loyola, un grand édifice jésuite, remarquable de par son plafond en trompe l’œil, peint par le prêtre jésuite et peintre baroque Andrea Pozzo. On célèbre saint Ignace le 31 juillet.

Les exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola

“Les Exercices sont certainement tout ce que je peux concevoir, connaître et comprendre de meilleur en cette vie, aussi bien pour l’avancement personnel d’un homme que pour les fruits, l’aide et le profit  qu’il peut procurer à beaucoup d’autres.” – Saint Ignace de Loyola

Saint Ignace de Loyola est connu pour avoir fondé la compagnie de Jésus, mais également pour avoir mis au point ses exercices spirituels, qu’il avait commencé à rédiger au cours de ses longs mois d’ascétisme sur la route vers la terre sainte.

Dans la spiritualité Ignatienne, les exercices spirituels sont en fait une retraite de 30 jours, durant laquelle le priant va à l’encontre du Seigneur à travers un ensemble de prières et méditations. Les exercices encouragent le discernement, ils sont organisés en quatre semaines, où s’écoulent des temps de contemplation et de méditation sur la Passion du Christ, avec des conseils pour accueillir l’amour de Dieu et suivre les pas de son fils Jésus Christ. Les retraitants sont accompagnés par un guide. Ils disposent eux-mêmes d’un manuel pour remplir leur rôle au mieux ces trente jours durant. Les exercices spirituels de Saint Ignace font partie intégrante de la vie au sein de l’ordre des jésuites : ils sont réalisés lors du noviciat des nouveaux membres de l’ordre, et avant la prononciation des vœux solennels.

Les exercices de saint Ignace sont aussi accessibles à tous les chrétiens. La pratique est d’ailleurs fortement recommandée par le Pape François, déclarant en 2014:

“Que les Exercices spirituels soient davantage pratiqués, soutenus et valorisés, car les hommes et les femmes d’aujourd’hui ont besoin de rencontrer Dieu. Proposer les Exercices spirituels, c’est inviter à faire l’expérience de Dieu, de son amour, de sa beauté. Ceux qui les vivent de ma­nière authentique subissent l’attraction de Dieu et en ressortent transfigurés. Quand ils reprennent leur vie ordinaire, leur ministère, leurs relations quotidiennes, ils por­tent avec eux le parfum du Christ. » (mars 2014).

La Compagnie de Jésus : berceau de l’ordre des Jésuites

Ainsi, c’est Ignace de Loyola et ses compères qui sont à l’origine de la compagnie de Jésus, dont nous connaissons les membres sous le nom de Jésuites. En plus d’être une aide stratégique au Pape Paul III devant faire face à une Rome divisée, la Compagnie de Jésus était aussi une profonde révolution spirituelle.

A l’aube de la création de l’Ordre, Saint Ignace était déjà considéré par ses compagnons comme une force charismatique : il firent de lui le supérieur général de la compagnie de Jésus, bien qu’il n’avait pas vraiment exprimé un désir de remplir ce rôle. Une part assez révolutionnaire de l’Ordre Jésuite, influencée par l’expérience de Saint Ignace, est la mise en avant de l’importance d’une éducation académique approfondie préparant à la vie en monastère : ici, les exercices spirituels de saint Ignace prennent toute leur importance, car il s’agit en effet d’apprendre le discernement à travers méditations et sessions de réflexions encadrées. Les jésuites vont alors étendre leur influence en enseignant dans les universités et écoles d’Europe. Leur popularité croissante contribua largement à un regain de ferveur pour la religion catholique, et ce longtemps après la mort de Saint Ignace.

Le grand rayonnement de l’ordre des Jésuites débuta dès le départ des premiers missionnaires sur le territoire européen et à travers le monde pour construire, évangéliser et éduquer. Ils trouvèrent un grand succès en Amérique latine, et notamment auprès des peuples indigènes. En Chine, les jésuites contribuent à un regain d’intérêt pour la science à travers la diffusion de livres et documents académiques de l’Ouest.

Cependant, dans un contexte de guerre et de course à l’expansion territoriale, la Compagnie de Jésus et ses missionnaires devinrent un sujet de plus en plus controversé. En Amérique Latine, les jésuites protégeaient les populations indigènes des colonisateurs portugais et espagnols. Au Japon, leur influence croissante sur les peuples paysans commençait à inquiéter les haut-dirigeants. S’ensuivirent alors de multiples évènements au cours desquels les Jésuites durent se confronter à la réalité politique du contexte dans laquelle ils opéraient : en Amérique latine, comme en Chine, au Japon, ou dans le reste du monde, des répressions fortes eurent lieu qui ont affecté lourdement la mission de la compagnie de Jésus. Finalement, la compagnie de Jésus fut abolie en 1773 par décret du pape XIV.

En 1814 le pape Pie VII annula cette suppression, et l’Ordre des Jésuites n’eut de cesse de croître les siècles suivants, avec la fondation de multiples universités aux Etats-Unis.

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SAINTS PATRONS D'HAITI© par campionpierre. Tous droits réservés.

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