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Amadou Dia
La vie d’Estela Barnes de Carlotto est digne d’un biopic hollywoodien. Cette femme combattit avec persévérance pendant des décennies afin de retrouver son petit-fils enlevé durant la dictature militaire en Argentine. Elle est un exemple d’abnégation et de bravoure pour le monde d’aujourd’hui.
Vie personnelle
Estela Barnes de Carlotto est née le 22 octobre 1930 à Buenos Aires au sein d’une famille d’origine anglaise. Son père Miguel Alejandro Barnes était receveur des Postes tandis que sa mère Edwig Frances May Wauer était femme au foyer.
Estela de Carlotto devint institutrice puis directrice d’une école à Brandsen (subdivision de la province argentine de Buenos Aires).
Estela est mère de quatre enfants issus de son mariage avec Guido Carlotto.
La dictature militaire (1976-1983)
Trois ans après la fin de la dictature de la Révolution argentine (1966-1973), une junte militaire prit le pouvoir dans un contexte tendu d’affrontements entre les péronistes de gauche et de droite. Après le renversement du gouvernement d’Isabel Perón le 24 mars 1976 par un coup d’État, le général Videla dirigea la junte formée de trois représentants respectivement de la Marine, de l’Armée de terre et de l’Aviation.
Dans son histoire, l’Argentine a connu quatre juntes militaires (1976-1980, 1980-1981, 1981-1982 et 1982-1983). Durant ces sept années de dictature, on a dénombré 30000 disparus, 15000 fusillés, 9000 prisonniers politiques et 1,5 million d’exilés sur une population de 30 millions d’habitants. De plus, 500 bébés ont été séparés de leurs parents qui étaient pour la plupart des opposants politiques. Ces bébés furent élevés par des familles proches du pouvoir.
Arrestation puis exécution de sa fille Laura
Le 26 novembre 1977, Laura, une des enfants d’Estela de Carlotto, qui était membre des « Montoneros » (organisation militaire argentine péroniste) fut arrêtée par la junte militaire. Au moment de son arrestation, elle était enceinte de son compagnon Oscar, lui aussi opposé à la dictature. Malheureusement, ce dernier sera exécuté par le pouvoir en place.
Afin d’obtenir la libération de sa fille, Estela de Carlotto tenta d’intercéder auprès du président de la Nation en la personne de Reynaldo Bignone par l’entremise de la sœur de ce dernier. Cette tentative resta vaine et sa fille fut exécutée.
Toutefois deux mois avant son exécution, Laura de Carlotto donna naissance à un garçon qui fut ensuite confié à une autre famille.
Ce drame marqua un tournant dans la vie d’Estela de Carlotto. En effet, elle s’engagea alors dans un militantisme très actif afin de faire respecter les droits de la personne dans son pays, tout en se lançant dans une recherche effrénée pour retrouver son petit-fils.
Dans le but d’accroître ses chances de le retrouver, elle rejoignit en avril 1978 l’association des « Grands-mères de la place de Mai », une ONG fondée en 1977 dans le but de retrouver les enfants volés par la dictature militaire et de les rendre à leurs familles légitimes. Elle se consacra entièrement à cette ONG lorsqu’elle prit sa retraite en août 1978. En 1989, elle en devint la présidente.
Association des « Grands-mères de la place de Mai »
Parmi leurs réussites, les « Grands-mères de la place de Mai » ont milité pour faire adopter la loi 23.511 portant création de la Banque Nationale des données génétiques. Ce qui fut fait en mai 1987. La Banque abrite les cartes génétiques de toutes les familles dont un enfant a disparu. Aujourd’hui, cette banque contient les portraits génétiques de 352 familles, soit près de 3000 personnes.
Grâce au travail de l’Association et à ces outils, 107 des 500 enfants enlevés ou nés en détention durant la dictature et clandestinement adoptés par les familles de militaires ou de policiers, ont pu être identifiés.
Avec la collaboration de scientifiques et d’institutions internationales (Blood Center de New York University de Berkeley), les « Grands-mères de la place de Mai » ont rendu possible la preuve de la filiation d’un enfant à 99,99%, et ce, en l’absence même de parents. Ce taux est appelé indice de abuelidad (taux de grand-maternité) en référence à la démarche de ces femmes.
Retrouvailles avec son petit-fils 36 ans après
À 84 ans, Estela de Carlotto put enfin serrer dans ses bras son petit-fils qui avait décidé un peu par hasard, de passer un de ces tests génétiques.
J’ai maintenant mes quatorze petits-enfants près de moi. Le siège qui était vide ne le sera plus.
Guido, 36 ans, né dans un hôpital militaire de Buenos Aires le 28 juin 1978, est aujourd’hui pianiste. Il dirige une école de musique à Olavarria. Il est marié et tout comme sa grand-mère, il s’est lui aussi engagé dans le combat pour retrouver les enfants disparus sous la dictature.
Lors de ces retrouvailles, Estela de Carlotto affirma que cet événement ne faisait que renforcer sa volonté de poursuivre le combat pour obtenir la vérité sur les enfants disparus sous la dictature.
Décoration et Hommages
En 2003, Estela de Carlotto reçut le prix des Droits de l’homme des Nations Unies. L’association les « Grands-mères de la place de Mai » a reçu le prix Félix-Houphouët Boigny pour la recherche de la paix en 2010.
En l’honneur des « Grands-mères de la place de Mai », un jardin portant le nom « Jardin des Mères et Grands-mères de la Place de Mai » fut inauguré le 7 avril 2008 à Paris en présence d’Estela de Carlotto, de Cristina Kirchner (présidente de l’Argentine) et du Maire de Paris Bertrand Delanoë à cette période.
Références
Pages de wikipédia:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Estela_Barnes_de_Carlotto
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grands-mères_de_la_place_de_Mai
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jardin_des_Mères-et-Grands-Mères-de-la-place-de-Mai
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dictature_militaire_en_Argentine_(1976-1983)
Bèle, Patrick (2014) Estela de Carlotto retrouve son petit-fils 36 ans après, Blog Le Figaro
http://blog.lefigaro.fr/amerique-latine/2014/08/argentine-estela-de-carlotto-retrouve-son-petit-fils-36-ans-apres.html