Deux périodes clés ont amené les approches dont il sera question dans les chapitres suivants. Alors que le travail des spécialistes réseau consistait à décortiquer la structure des matériels sous toutes les coutures pour comparer les constructeurs entre eux, 2003 a vu un changement radical de mentalité. Après avoir constaté que tous les principaux constructeurs proposaient des produits dont les caractéristiques se nivelaient, l’intérêt s’est porté sur les architectures qu’il était possible de constituer et sur les méthodologies pour identifier les besoins et démontrer les solutions proposées.

Le câblage banalisé et la tendance « tout IP » combinée à la fusion des réseaux spécialisés en un seul réseau physique plus facile à investir et administrer, a poussé au devant de la scène les concepts de Sûreté de Fonctionnement. Construire un réseau n’était plus une affaire de dessinateur, mais était devenu une affaire de mathématicien. La modélisation mathématique de réseau qui semblait réservée à des domaines à fort niveau d’engagement et de rentabilité, tels que les opérateurs, s’étendait désormais à de nombreux domaines et à de nombreux clients. Le réseau était au cœur de la construction des Systèmes d’Informations.

Mais, en prenant des raccourcis pour minimiser le temps passé et la compétence nécessaire à élaborer et déployer des architectures de réseaux, les acteurs du marché n’ont cessé de tirer le métier vers le bas. Pendant ce temps, les domaines du système et du développement se sont structurés et sont devenus de plus en plus professionnels et pointus. Des nouveaux concepts et des nouvelles méthodologies ont fait leur apparition sur le marché et ont commencé, en 2013, à déborder sur le domaine des réseaux.

Ignorant une fois de plus ces nouveaux changements, les principaux acteurs du marché des réseaux, y compris les organismes de formation, ont engendré deux conséquences :

  • Le réseau n’est plus au devant de la scène et se retrouve relégué à de simples moyens que tout le monde pense être totalement banalisés, laissant la part belle aux applications, aux serveurs et au stockage. Tout le monde perd de vue que tout l’édifice repose sur l’infrastructure de réseau.
  • Les spécialistes réseau subissent une pression de plus en plus forte liée aux méthodologies issues des domaines du système et du développement. On peut même affirmer que bon nombre de ces personnes ressentent les mêmes sentiments que les spécialistes téléphonie ont vécu avec l’arrivée de la VoIP (Voice over Internet Protocol) et de la ToIP (Telephony over Internet Protocol).

Fort heureusement, on observe, que de manière générale, un changement s’opère tant dans le domaine de l’enseignement que dans la profession portée par des petites structures spécialisées et pointues dans leurs domaines. Le virage est difficile à prendre et comme le disait Harry Dent en 1995 dans son ouvrage « Job Choc », à volume équivalent, une baleine a plus de difficulté à changer de direction qu’un banc de sardines.

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