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David Carter
Barbara McClintock est une généticienne américaine dont les travaux n’ont été ni compris ni acceptés par ses contemporains. En 1953, elle décida d’arrêter de publier ses résultats de recherches. Mais dans les années 1960 et 1970, des découvertes remirent les travaux de Barbara McClintock à l’ordre du jour, au point qu’en 1983, elle se vit décerner le Prix Nobel de médecine pour ses travaux sur les éléments transposables.
Enfance
Très tôt intéressée par la science, Barbara McClintock souhaitait entreprendre des études à l’Université Cornell, une idée qui ne plaisait pas à sa mère qui voyait d’un mauvais œil les études supérieures pour une jeune femme de peur qu’elle ne puisse se marier. Avec l’aide de son père, elle entra à Cornell en 1919, à 17 ans.
Une carrière ardue
En 1983, Barbara McClintock devint la première femme à remporter individuellement le prix Nobel de médecine, rien de moins !
Ses travaux de doctorat, dans les années 20, portaient sur la génétique du maïs. Elle mit au point différentes techniques qui lui permirent de visualiser au microscope des phénomènes connus jusque-là seulement de manière théorique (par exemple, l’échange de gènes lors de la division cellulaire). Reconnue comme une des meilleures de son domaine, elle fut reçue à l’Académie américaine des sciences en 1944.
Malgré cette reconnaissance, elle resta exclue des réunions facultaires et n’était pas mise au courant des postes disponibles. Elle quitta alors l’Université de Missouri pour aller aux laboratoires de Cold Spring Harbor, dans l’État de New York.
Si tu sais que tu es sur la bonne piste, si tu as cette certitude intérieure, alors personne ne peut te freiner … peu importe ce qu’on dit, déclara-t-elle.
If you know you are on the right track, if you have this inner knowledge, then nobody can turn you off… no matter what they say. (Voir la bibliographie)
Dans les années 40 et 50, elle découvrit, toujours chez le maïs, des éléments transposables. Ces petits bouts d’ADN ont la capacité de se déplacer et de se multiplier de façon autonome. Autrement dit, ils ne se situent pas à la même place dans le génome de deux cellules voisines. Ceci expliquerait pourquoi, sur un même épi, le pigment d’un grain n’est pas nécessairement le même que celui de son voisin. Ces éléments sont présents chez tous les organismes vivants. Ils constituent 70 % du génome du maïs et 40 % de celui de l’humain.
Les travaux de McClintock ne furent pas immédiatement compris et acceptés par ses contemporains. En 1953, elle décida d’arrêter de publier ses résultats de recherches sur les éléments transposables.
Pendant des années, j’ai trouvé qu’il était difficile, si ce n’était impossible, de faire prendre conscience à une personne de la nature de ses préjugés alors que, pour des raisons particulières, j’avais fait cette prise de conscience. Ceci devint douloureusement évident dans mes efforts, pendant les années 1950, pour convaincre les généticiens que l’action des gènes devait être et était controlée. Il est maintenant tout aussi douloureux de reconnaitre la rigidité des opinions de la plupart des gens quant à la nature des éléments contrôlants du maïs et leur fonctionnement. On doit attendre le bon moment pour introduire des changements conceptuels.
Over the years I have found that it is difficult if not impossible to bring to consciousness of another person the nature of his tacit assumptions when, by some special experiences, I have been made aware of them. This became painfully evident to me in my attempts during the 1950s to convince geneticists that the action of genes had to be and was controlled. It is now equally painful to recognize the fixity of assumptions that many persons hold on the nature of controlling elements in maize and the manners of their operation. One must await the right time for conceptual change. (Barbara McClintock, 1973)
Dans les années 60 et 70, des généticiens découvrirent des éléments transposables dans des bactéries et des levures. Ces découvertes remirent les travaux de madame McClintock sur la sellette.
En 1983, elle se vit décerner le Prix Nobel de médecine pour ses travaux sur les éléments transposables.
Cette grande généticienne décéda en 1992 à l’âge de 90 ans.
Prix obtenus et reconnaissance
Elle fut élue à l’Académie nationale des sciences en 1944. L’année suivante, elle fut élue présidente de la Genetics Society of America.
- 1971 : National Medal of Science.
- 1981 : récipiendaire de la bourse de la Fondation MacArthur
- 1981 : Prix Lasker pour la recherche médicale fondamentale
- 1981 : Wolf Prize of Medicine, Wolf Foundation (Israël)
- 1981 : Médaille Thomas Hunt Morgan de la Genetics Society of America.
- 1982 : Prix Louisa Gross Horwitz de la Columbia University
- 1983 : Prix Nobel de médecine
- 1986 : Introduite au National Women’s Hall of Frame
- 1993 : Benjamin Franklin Medal de l’American Philosophical Society
Elle a également reçu de nombreux doctorats honorifiques.
Références
(s.d.),”The Barbara McClintock Papers”, Profiles in Science, National Library of Medicine, U.S. National Library of Medicine. En ligne.
http://profiles.nlm.nih.gov/ps/retrieve/Collection/CID/LL.
(1983), “Barbara McClintock – Biographical”, The Nobel Foundation, Nobelprize.org. En ligne. http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/medicine/laureates/1983/mcclintock-bio.html.
“Barbara McClintock”, Wikipédia L’encyclopédie libre. En ligne.
fr.wikipedia.org/wiki/Barbara_McClintock.
Pour aller plus loin
Comfort, Nathaniel C. (2001), The Tangled Field: Barbara McClintock’s search for the patterns of genetic control, Cambridge, MA, Harvard University Press.
Connecticut Women’s Hall of Frame (s.d.), « Barbara McClintock», Connecticut Women’s Hall of Frame. En ligne.
http://www.cwhf.org/inductees/science-health/barbara-mcclintock/#.VB7JJ0tn-fg.
Karolinska Institutet (2011), « Nobel Lecture by Barbara McClintock (46 minutes) », Nobelprize.org. En ligne.
http://www.nobelprize.org/mediaplayer/?id=1617.
National Science foundation (s.d), « Barbara McClintock (1902-1992) », National Medal of Science 50th Anniversary. En ligne.
http://www.nsf.gov/news/special_reports/medalofscience50/mcclintock.jsp.
(2008), « McClintock, Barbara », Complete Dictionary of Scientific Biography, Encyclopedia.com. En ligne.
http://www.encyclopedia.com/topic/Barbara_McClintock.aspx.
Pray, Leslie et Zhaurova, Kira (2008), « Barbara McClintock and the discovery of jumping genes (transposons) », Nature Education, vol. 1, no.1, p. 169. En ligne.
http://www.nature.com/scitable/topicpage/barbara-mcclintock-and-the-discovery-of-jumping-34083.
Pour une liste de ses publications, voir http://www.agron.missouri.edu/mnl/73/110kass.html