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Micheline Bélisle
Surnommée « La Dame à la Lampe », Florence était une infirmière dévouée, attentive non seulement à la souffrance des soldats et autres malades défavorisés sous ses soins, mais aussi aux conditions sanitaires de leur environnement. Passionnée par les mathématiques, elle a contribué au développement de la statistique médicale, en particulier les diagrammes circulaires (pie charts).
Vie personnelle et familiale
Florence Nightingale naquit à Florence en 1820, Italie, de parents britanniques très fortunés et activement engagés sur le plan politique. Dès sa plus tendre enfance, elle visitait avec sa mère et sa sœur Parthenope les personnes pauvres du village où elle habitait en Angleterre. Mais pour Florence visiter les familles pauvres n’était pas suffisant. Elle voulait en faire davantage, ce qui l’opposa à sa mère et à sa sœur, davantage préoccupées de bien paraître en société que d’améliorer la condition des personnes défavorisées.
Heureusement, son père l’encouragea en dispensant à Florence et à sa sœur une instruction classique à la maison. C’est ainsi que Florence apprit à parler couramment le français, l’allemand, l’italien, le latin et le grec, et s’initia aux mathématiques, à l’histoire et à la philosophie.
La vocation de servir ses semblables
En février 1837, alors qu’elle était âgée de 16 ans, elle dit avoir reçu un appel de Dieu l’enjoignant de s’engager au service de ses semblables. Elle voulut alors devenir infirmière, au grand désespoir de ses parents qui considéraient cette occupation comme l’apanage des classes sociales défavorisées, donc comme non recommandable pour une femme de sa classe sociale.
En 1844, elle rencontra un médecin américain qui lui dit d’écouter sa vocation, même si cela ne se faisait pas dans son milieu. Elle annonça alors à sa famille sa décision de devenir infirmière et de fonder un hôpital. Ses parents s’y opposèrent jusqu’en 1852 et l’appuyèrent ensuite en lui versant une confortable pension qui assura son indépendance financière.
Dans les années 1840, elle visita des hôpitaux durant plusieurs voyages, notamment en Italie et à l’hôpital luthérien du pasteur Fliedner à Kaiserswerth, en Allemagne où elle apprécia le dévouement et la qualité des soins offerts par les infirmières. Lectrice des rapports sur les soins de santé de cette époque, elle était déjà consciente qu’un nouveau type d’infirmière, mieux formée, s’imposait et qu’une nouvelle structure des soins infirmiers devait être mise en place dans une logique d’efficacité et d’organisation..
Quelque 5 ans plus tard, dans la foulée de cette insubordination et de ce profond intérêt pour les soins infirmiers, elle mit fin à sept ans de sérieuses fréquentations avec un populaire politicien et poète, afin, disait-elle, de mieux servir Dieu et l’humanité. Son insubordination s’étendait aussi au rôle d’épouse et de mère alors réservé aux femmes de son rang.
Vie professionnelle
Elle commença sa véritable formation à l’hôpital de Kaiserswerth pendant un mois en 1851, qu’elle raconta dans un livre. Florence considérait cette expérience comme un tournant dans sa vie.
De 1853 à 1854, elle occupa le poste de directrice de l’Institute for the Care of Sick Gentlewomen, à Londres. C’est ainsi que vers l’âge de 34 ans, sans formation officielle et munie seulement d’informations recueillies, sur une base personnelle, auprès d’amis de sa famille bien en vue (politiciens, médecins), elle devint l’une des personnes s’y connaissant le plus dans le domaine hospitalier, qu’il s’agisse de construction d’hôpitaux ou de soins à y dispenser.
Un engagement pour améliorer la condition des soldats blessés
C’est de 1854 à 1856, lors de la Guerre de Crimée que se situe sa contribution la plus marquante aux sciences infirmières. Il y avait alors davantage de décès causés par la maladie que par la guerre. Florence Nightingale, devenue directrice des soins infirmiers au Scutari Hospital, Turquie, s’affaira à améliorer la condition des soldats blessés. Dix-huit mois après son arrivée, elle réussit à faire passer le taux de mortalité de 40 à 2 %, notamment en améliorant les conditions d’hygiène. Répondant à sa demande,, le gouvernement britannique envoya en mars 1855 à Scutari une Commission sanitaire qui fit nettoyer les égouts et améliora la ventilation.
C’est pendant cette Guerre de Crimée que Florence hérita du surnom de « La Dame à la Lampe ». En effet, munie d’une lampe à pétrole, elle avait l’habitude, la nuit, de faire sa ronde auprès des soldats blessés et alités, dispensant ici des encouragements, là rajustant un oreiller.
Bien que périodiquement confinée à sa chambre et à son lit, et souffrant de dépression à son retour de la Guerre de Crimée, Florence lutta en 1857, aux côtés de Lord Panmure, le ministre de la Guerre, pour que soit instaurée une Commission royale visant à investiguer le taux de mortalité dans l’armée en temps de paix et en temps de guerre. Mise sur pied en 1858, cette Commission, sous son leadership, produisit un rapport de plus de 1000 pages qui transforma le système de santé britannique.
Contribution à la statistique
Soutenue par le Dr William Farr, éminent statisticien médical, Florence mit au point une version améliorée des diagrammes circulaires (pie charts), équivalant aux histogrammes circulaires (polar area charts) de maintenant, malencontreusement appelés coxcombs (crêtes de coq). La réorganisation des statistiques militaires, qui sont réputées les meilleures d’Europe, constitue l’une des retombées importantes de la Commission royale.
Dans les années suivantes, en plus d’œuvrer au développement des soins infirmiers en créant une école d’infirmières, elle appliqua ses méthodes statistiques aux hôpitaux civils, à la profession de sage-femme, à la santé publique de l’Inde et aux écoles publiques coloniales, et ce, dans le but d’influencer les politiques et les pratiques.
À partir de 1857, Florence souffrit d’une fièvre probablement due à une forme chronique de brucellose contractée pendant la Guerre de Crimée. Elle fut alors confinée à sa chambre et à son lit, et souffrit de dépression de façon intermittente. Complètement alitée en 1896, elle mourut en 1910.
Actrice du mouvement féministe anglais
En plus de ces contributions à la médecine et aux mathématiques, Florence Nightingale s’est illustrée dans le mouvement féministe anglais. Son essai Cassandra, entre autres, publié en 1928, s’avère être une protestation contre la féminisation excessive des femmes rendues ainsi incapables de se débrouiller seules.
Œuvres principales
Nightingale, Florence (1859), Notes on Nursing : What It Is And What It Is Not, London, Harrison.
Nightingale, Florence (1860), Suggestions for Thought to Searchers after Religious Truth, London, George E. Eyre and William Spottiswoode.
Nightingale, Florence (1928), Cassandra, Feminist Press at CUNY, 34 p.
Nightingale, Florence (1949), “Sick-Nursing and Health-Nursing”, in I. Hampton (éd.), Nursing the sick-1893, New York, NY: McGraw-Hill, p 24-43.
Hommages et décorations
- 1859 : Première femme membre de la Royal Statistical Society, et par la suite, membre honoraire de l’American Statistical Association.
- 1883 : Décorée de la Royal Red Cross par la Reine victoria
- 1907 : Première femme décorée de l’Order of Merit
- 1908 : Récipiendaire de l’Honorary Freedom of the City of London
- Une médaille Florence Nightingale est décernée par le comité international de la Croix-Rouge pour récompenser les infirmiers et les infirmières ainsi que les auxiliaires volontaires qui se sont distingués, en temps de guerre ou en temps de paix. Son nom a également été donné à diverses institutions et à différents lieux.
Références
Lethbridge, Lucy (2004), Florence Nightingale, Londres, Usborne Publishing Ltd., 64 p.
Lippman, Abby (2008), « Where have all the women gone?, Re-weaving the threads of epidemiology, biostatistics, and occupational health », manuscrit.
McDonald, Lynn (2010), Florence Nightingale at First Hand, Waterloo, Ontario, Canada, Wilfrid Laurier University Press, 198 p.
Montgomery Dossey, Barbara et al. (2005), Florence Nightingale Today : Healing, Leadership, Global Action, Silver Spring, Maryland, American Nurses Association, 368 p.
Sinoué, Gilbert (2008), La Dame à la lampe, Paris, Gallimard, 320 p.
Page Florence Nightingale, Wikipédia L’Encyclopédie libre. En ligne.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Florence_Nightingale
Page Florence Nightingale, Wikipedia The Free Encyclopedia. En ligne.
http://en.wikipedia.org/wiki/Florence_Nightingale
Florence Nightingale Museum. En ligne.
http://www.florence-nightingale.co.uk
The Florence Nightingale Foundation. En ligne.
http://www.florence-nightingale-foundation.org.uk